Vous l’avez peut-être vu dans notre dernière lettre d’info, la Commission du GRCS en charge des CPTS, a sorti une plaquette qui a pour vocation d’outiller les centres de santé pour présenter de manière synthétique et argumentée ce qu’est un centre et quel est l’intérêt de l’intégrer dans une démarche de CPTS. Vous pouvez trouver toutes les informations ICI.
Dans la continuité de cette volonté d’affirmer le rôle des centres de santé dans les CPTS et afin de répondre aux souhaits exprimés par les adhérents lors de la journée annuelle du 21 juin, la Commission a souhaité mettre en avant tous les mois via la lettre d’info et ce jusqu’à la fin de l’année, des interviews de gestionnaires et de professionnels de santé salariés.
Nous commençons le cycle avec un témoignage de Jacky Dupuy de l’AGECSA, avec qui nous avons parlé gouvernance et collège de structures d’exercice coordonné.
Comment est née la CPTS de Grenoble ?
A l’initiative de sa création, il y a eu un groupe de professionnels de santé libéraux qui ont souhaité se regrouper. Les centres de santé Agecsa, sont bien implantés localement. Nous sommes toujours en veille par rapport à ce qu’il se passe sur notre territoire. Ainsi dès que nous avons été informé de cette initiative, nous nous y sommes naturellement intéressés.
Pour nos structures, c’est essentiel de faire partie de différentes instances locales, régionales et nationales, notamment pour ne pas passer à côté de ce type d’informations. Dès que nous avons fait le choix d’être partie prenante de ce projet de création de CPTS, nous avons mis les moyens nécessaires pour être membres actifs et partager nos idées. Dès le départ du projet, 3 personnes de l’Agecsa ont été mobilisées : à la fois pour des rédactions de document, des relectures, de la participation aux réunions, etc…
Justement, en parlant de la création de ces communautés, il me semble qu’il y a une certaine liberté dans les choix organisationnels et la forme que la CPTS peut avoir. Comment cela s’est passé chez vous ?
Il n’y a effectivement pas de statuts type, il y a une forme de liberté autour de l’organisation. Désormais, il y a beaucoup de CPTS, donc il y a des similitudes entre elles nous pouvons donc nous appuyer sur l’existant. Cependant, chaque communauté fait en fonction de son territoire, des personnes qui la composent, …J’avais des craintes, mais au final il n’y a pas eu de problèmes. Nous avons été accompagnés par un prestataire qui nous a aidés à la rédaction du pré-projet. L’exercice le plus difficile est de se réunir, de trouver du temps, et de mobiliser des personnes. Au départ, c’était un groupe de 7- 8 personnes ; maintenant nous sommes beaucoup plus nombreux, il faut aussi savoir s’auto-gérer.
Concrètement, une fois que le pré-projet a été validé, nous avons créé une association transitoire pour assurer le versement des fonds et indemniser la chargée de mission qui a été recrutée. Avec le Président et le groupe de travail, nous avons pu travailler sur les statuts de l’association, le règlement intérieur et bien entendu la gouvernance.
En parlant de gouvernance. Je crois savoir que dans votre CPTS, vous avez fait le choix d’avoir à la fois un collège de professionnels de santé et un collège de structures coordonnées ?
Oui effectivement et c’est un choix très important : cela permet à notre centre de santé d’être au cœur du fonctionnement de la CPTS. Il y a le premier collège dans lequel les professionnels de santé peuvent adhérer à titre personnel – c’est d’ailleurs le cas pour notre médecin référent – et puis le collège des structures, dans lequel l’Agecsa a une voix à part entière. Cela nous permet d’être représenté en tant que personne morale, en tant que centre de santé. Cela permet d’être écoutés et surtout de représenter tout le territoire.
Est-ce que cela a été un choix facile à prendre ?
Peut-être pas immédiatement. Au démarrage, on pensait qu’il n’y avait que les professionnels de santé qui pouvaient intégrer la CPTS. Il y a pu y arriver un décalage, cela paraissait étrange que des gestionnaires de centres de santé – qui plus est sans être professionnels de santé – puissent être dans la gouvernance dans les CPTS. Mais l’importance de notre présence a été rapidement comprise.
En effet, nous sommes installés dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville, dans lesquels il n’y a pas de professionnels libéraux installés. La vocation de la CPTS de Grenoble est de recouvrir l’ensemble du territoire de la ville. Notre centre de santé couvre environ 10% de la population de la ville de Grenoble : il n’était pas envisageable qu’on ne soit pas présents, sous peine qu’une toute une partie de la population aurait été ignorée par la communauté.
Nous représentons donc ces territoires et notre présence au sein de la gouvernance nous a permis de mettre en avant tous ces quartiers dans le projet de santé et de faire valoir des actions sur la précarité.
C’est important de toujours savoir défendre sa position, montrer l’intérêt qu’on représente dans tout le système. Cela demande de l’envie, de l’énergie, d’où l’importance d’embarquer dès le démarrage plusieurs personnes de la structure pour à la fois multiplier les points de vue mais aussi se répartir les tâches et ne pas s’essouffler.
Effectivement ce point semble être important dans votre récit : la pluralité des acteurs embarqués dans la création mais aussi dans l’activité de la CPTS.
Comme je l’indiquais, on a toujours eu la volonté d’être au cœur de la création et pour cela il faut des moyens. Dès le départ par exemple, nous avons pu mettre à la fois des moyens humains sur la rédaction du pré- projet, la participation aux réunions, ou encore la mise à disposition de salles. Il est important d’être présent dès le départ de la création de la communauté professionnel territoriale de santé car il y a de forte chance de retrouver les mêmes personnes dans la gouvernance de la CPTS.
Pour nous, c’était très important d’être partie prenante du conseil d’administration. Ayant moi-même la direction d’une association, j’ai aidé à la création de l’association – en relisant des documents, en étudiant des candidatures …En interne à l’Agecsa, nous faisons aussi en sorte que ce ne soit pas un projet isolé : nous avons créé un groupe de travail CPTS. L’implication à la communauté étant assez prenante, cela nous permet de se partager le travail, de faire des relectures croisées, partager des expériences,…Cette modalité de travail, permet de ne pas s’épuiser et faire perdurer le projet.
Merci à Jacky DUPUY pour son témoignage. Nous vous donnons rendez-vous le mois prochain pour un autre éclairage sur le fonctionnement des CPTS.