Ce mois-ci, nous allons à la découverte du nouveau centre de santé municipal, qui a ouvert à Olliergues, une petite commune de 750 habitants dans le Puy-de-Dôme. Nous avons rendez-vous avec Gaël Degrutère et Monsieur le Maire, Arnaud Provenchère.
Le centre de santé d’Olliergues a ouvert rapidement, comment expliquez-vous ce succès ?
L’une des principales raisons est sûrement que la gestion a été totalement internalisée, nous n’avons pas eu besoin de faire appel à des bureaux d’études pour la faisabilité économique, ni de passer par des appels d’offres pour les travaux. Nous n’avions pas besoin d’un gros budget d’investissement et nous avions également peu de travaux à réaliser. Ces éléments nous ont permis d’être rapides et également de pouvoir proposer un projet avec un budget de fonctionnement déficitaire, qui a été accepté.
Autre élément moteur au projet, c’est que Gaël, secrétaire général de la mairie, a été exclusivement sur ce projet pendant plusieurs mois. Bien entendu, l’accompagnement assuré par le GRCS a permis de mettre un cadre, d’avoir de bons conseils. Les retours rapides et pertinents de Cyril Plasse ont été très aidants, notamment sur la partie médicale : personne dans l’équipe n’est professionnel de santé, cela a demandé une importante montée en compétences. Mais cela ne nous freine jamais : on fonctionne comme ça sur beaucoup de projets, le fait de tout internaliser nous permet d’être réactifs et compétitifs.
En cherchant sur internet, je me suis rendue compte que vous avez bénéficié d’une belle couverture médiatique. La stratégie de communication faisait-elle partie du projet d’ouverture du centre, notamment pour favoriser le recrutement ?
Nous avons effectivement fait beaucoup de communication, que ce soit dans des supports gratuits, mais également sur les réseaux sociaux comme Facebook et LinkedIn. Cette communication a permis de faire parler du centre. Nous avons même eu une interview de la BBC ! Et au final le recrutement de la première médecin généraliste du centre, c’est un recrutement très local. Un second médecin – lui aussi du coin – va intégrer le centre en septembre. Ces embauches se sont réalisées grâce au bouche à oreille, mais les efforts fournis pour une bonne communication ont sans aucun doute favorisé cela et ont surtout permis que le centre ait une bonne image auprès des habitants. La démarche a été bien accueillie.
Combien de salariés emploie le centre aujourd’hui ?
Actuellement, nous avons une médecin généraliste à 60%, ce qui nous permet d’ouvrir 3 jours par semaine. En septembre, le second médecin qui va intégrer l’équipe sera à 40% et nous pourrons donc ouvrir tous les jours. L’objectif à terme est d’avoir un second temps plein de médecin généraliste de plus, afin d’avoir une plus grande amplitude d’ouverture.
Nous avons également une infirmière qui est assistante médicale et nous allons bientôt intégrer une infirmière Asalée. Recruter c’est bien, éviter de recruter c’est mieux : il faut faire fidéliserles salariés qui intègrent la structure.
de gauche à droite, le médecin qui arrive au mois de septembre (Dr JULLIEN), le Maire d’Olliergues, et l’assistante médicale (Mme SUBERT)
Effectivement, c’est une préoccupation des centres de santé aujourd’hui. J’ai l’impression que vous êtes arrivés à recruter et – nous l’espérons à fidéliser – vos professionnels de santé. Comment l’expliquez-vous ?
Nous n’avions pas de médecins sur le territoire, on n’avait donc rien à perdre à s’adapter aux contraintes horaires de notre médecin. Par exemple, nous ouvrons à 9h, pour lui permettre de concilier vie professionnelle et vie personnelle. L’équipe s’entend bien et le fait qu’elle puisse compter sur une assistante médicale, lui permet d’avoir un temps cadré et de se concentrer sur le temps médical avec ses patient.e.s.
D’un point de vue de l’équipement, il y a eu également une attention particulière dans le choix du matériel médical pour que ce soit approprié à leurs usages ; nous avons prévu une salle de repos…Nous nous intéressons à tous les aspects du travail et d’ailleurs le médecin nous a fait remonter les bonnes conditions de travail dans laquelle elle évolue… !
Ce sera donc votre meilleure ambassadrice de recrutement !
Oui, et pour nous, l’attention portée à cela n’est pas négociable.
Puis, médicalement on n’y connaissait rien au début : nous avons aussi fait le choix d’embaucher une infirmière experte, implantée sur territoire, qui connaît le coin, les gens et qui s’intègre dans un projet auquel elle croit et qu’elle veut faire fonctionner ! D’ailleurs elle a commencé à travailler pour le centre avant même son ouverture, pour que tout soit parfaitement viable pour les premiers accueils.
Vous avez l’air très enthousiastes et le centre semble être une réussite… que pouvons-nous vous souhaiter pour les prochains mois ?
Oui ce projet va dans le bon sens pour le développement de notre collectivité c’est vendeur, ça va dans le bon sens ! On a eu aussi de la chance d’avoir un budget global d’investissement peu onéreux (moins de 60 000 euros tout compris ! ), un changement de zonage de l’ARS a également aidé à notre implantation et un conseil municipal sans opposition, ce qui facilite aussi beaucoup la vie du projet. Tous les voyants étaient au vert, même si on a présenté un budget avec un déficit de fonctionnement, nous avons eu l’accord de le lancer.
Au début nous voulions ouvrir avec les deux médecins, mais au final, en avançant progressivement, nous optimisons les apprentissages et on commence à avoir des volumes de facturation acceptables au quotidien, ce qui permet que ça ne soit pas décourageant. Aujourd’hui nous sommes dans le même bateau et on pagaie tous dans la même direction pour faire aboutir ce projet du premier centre de santé municipal du Puy- de-Dôme !