Nous vous proposons un échange avec Virginie Merlatti, Directrice du service Offre de soins de l’association Loi 1901 Val’Santé, Centre de soins & Prévention. Ce centre infirmier, devenu aujourd’hui polyvalent est situé dans un quartier prioritaire de la ville de Valence. Il est situé au sein de deux maisons de santé, avec une structure au cœur du quartier et l’autre plus périphérique. 

Virginie, peux-tu nous expliquer comment est née l’idée d’embaucher des sages-femmes dans le centre de santé Val’Santé ?

En 2017-2018 la question s’est posée de comment agrandir notre offre de soins. La volonté du bureau de notre association étant de développer la structure en fonction des besoins du territoire, pour accompagner le mieux possible les habitants, nous avons donc mené un diagnostic du territoire. Celui-ci a mis en lumière que les femmes de notre quartier d’implantation sortaient peu du quartier, notamment pour se soigner ou être suivies pendant leurs grossesses. Nous avons alors recruté notre première sage-femme en 2019, et nous avons appris ensemble ! En tant que CSI, nous n’avons pas eu besoin de passer à la polyvalence : nous avons ajouté une annexe à notre projet de santé et l’ARS nous a suivi.

Aujourd’hui nous avons deux sages-femmes, elles assurent les suivi pré et post natal, les suivi gynécologique, contraception, IVG medicamenteuse et échographie de datation. Chacune d’elles disposent de spécialités qui leurs sont propres, comme le traitement du vaginisme par exemple.,…Suite à un départ, nous sommes en train de recruter la troisième. 

Comment avez-vous été identifiés par les femmes du quartier ?

Juste en dessous de notre centre, il y a la place du marché : un mardi par mois pendant plusieurs mois nous avons tenu un stand pour échanger sur des thématiques portant sur la santé des femmes. Et pour faciliter ensuite les rendez-vous avec les sages-femmes, une fois que ce premier contact a été créé, nous avons mis en place- des plages de consultations sans RDV les mardis après-midi afin de recevoir les femmes rencontrées le matin même.

Par ailleurs, grâce à ces recrutements de sages-femmes, vous avez pu participer à une expérimentation article 51 ?

Oui, nous avons participé à l’expérimentation article 51 Répap Référent Parcours Périnatalité, terminée en 2023. Il s’agissait d’un accompagnement personnalisé renforcé, dans l’objectif d’éviter les ruptures de prise en charge jusqu’aux 3 mois de l’enfant. Il s’agissait de l’une des mesures des 1000 premiers jours. Cette expérimentation nous a permis de limiter les ruptures avec les familles et également de valoriser la coordination que les sages-femmes font avec les autres professionnels de santé. Nous n’avons pas encore de retours sur l’expérimentation, mais aujourd’hui avec l’avenant 6 une femme enceinte peut faire valoir- une sage-femme référente le temps de sa grossesse.

Après plus de 4 ans d’embauches de sage-femmes, quel est ton regard sur cette expérience, notamment d’un point de vue économique ?

D’un point de vue financier, cette volonté d’intégrer les sages-femmes a été un investissement : on a investi dans du matériel, des logiciels adaptés,..mais aujourd’hui on tend vers l’équilibre. Par ailleurs, au niveau de l’Accord National, les sages-femmes font beaucoup d’actions de prévention pour le centre de santé.

De plus, leur présence renforce fortement notre visibilité et contribue au maillage territorial : elles effectuent de nombreuses interventions à l’extérieur (IFSI,  collèges, établissement public de santé spécialisé en psychiatrie, etc…) et sont motrices pour la conduite d’actions innovantes. Par exemple, dans le cadre d’octobre rose, nous avons participé avec le musée de Valence, à une visite du musée, accompagnée par la sage-femme, pour répondre aux questions de santé. Le centre est souvent sollicité par les partenaires du territoire et les femmes de notre territoire sont plutôt partantes.

Si c’était à refaire, je le referais sans hésiter : cela amène beaucoup de vie dans le centre et un nouveau public (femmes enceintes, bébés…). Intégrer de nouveaux professionnels participe à développer de nouveaux projets. Cela crée d’autres besoins, de nouvelles populations accèdent au centre : tout cela nous challenge dans nos recrutements, nos façons de manager, et nous dynamise !