Le 1er août 2021, le Ministre de la santé et la Ministre déléguée à la ville ont lancé une expérimentation d’ampleur pour inscrire la « santé participative » dans le système de santé. Cette expérimentation qui se déploie sur l’ensemble du territoire français, concerne des structures qui offrent une prise en charge particulièrement adaptée aux populations précaires ou éloignées du soin. Celles-ci ont mis en place des accompagnements médico-psycho-social portés par une équipe pluriprofessionnelle et associant notamment des médecins généralistes et auxiliaires médicaux, des psychologues, des agents d’accueil, des médiateurs en santé et des interprètes professionnels. Ces professionnels, par différents biais, font participer les usagers au projet de santé de la structure, en visant à les rendre acteurs de leur propre santé.
6 structures, corédactrices du cahier des charges de l’appel à projet, sont déjà parties prenantes de l’expérimentation. Elles seront rejointes par 20 autres au 1er mars 2022. Parmi celles-ci, le Centre de santé du Diaconat protestant Drôme-Ardèche : l’occasion pour nous d’aller à la rencontre de Marie-Anne Laffond, Directrice du Diaconat.
Comment le Diaconat Drôme-Ardèche a créé son centre de santé ?
La création d’un centre de santé polyvalent a été l’une des conséquences du diagnostic initié en 2018 par l’association, qui a pu être mené grâce au Comité d’hygiène social de la Drôme et Cabinet 3BIS. En effet, après plus 15 ans d’exercice avec 7 médecins et 10 infirmiers bénévoles – exception faite de la mise à disposition par l’hôpital psychiatrique d’une infirmière d’accueil de jour – l’association a dû trouver des solutions économiquement plus viables et durables pour maintenir son activité et apporter les bonnes réponses sur les territoires. L’audit a abouti à deux solutions possibles :
- soit trouver des solutions pour améliorer les permanences santé
- soit créer un centre de santé polyvalent
C’est la solution qui a été retenue : la création d’un centre de santé polyvalent, qui fonctionne aujourd’hui avec une équipe pluridisciplinaire composée à la fois de bénévoles et de salariés. Aujourd’hui nous avons l’équivalent par semaine de : 4 jours de médecins salariés, 5 jours de médecins bénévoles, travaillant toujours en binôme avec des infirmier.es, 2 psychologues bénévoles et un psychiatre qui va rejoindre le centre en juin.
Qu’est-ce qui vous a conduit à répondre à l’expérimentation “centres et maisons de santé participatifs” ?
Les publics en grande situation de précarité, sont à la fois difficiles à identifier et nécessitent des prises en charge globale. Le diagnostic conduit en 2018 a identifié l’importance de mettre en réseau l’ensemble des partenaires, afin de contribuer à la création d’un collectif pour faciliter la connaissance de ces publics et leur apporter une réponse pertinente. Nous nous retrouvons régulièrement – ARS, département, associations, partenaires du département – pour identifier nos actions et envisager ensemble les réponses concrètes à apporter. Le collectif rend plus facile l’identification des réponses à apporter. Participer à l’expérimentation s’inscrit donc dans la continuité de nos actions.
Comment va se passer l’expérimentation ?
L’objectif de cette expérimentation est à la fois de démontrer que c’est la réponse adaptée et pertinente pour ces publics et également de sécuriser les modèles économiques et le budget des centres de santé. Nous avons déjà eu une première visio-conférence avec l’ensemble des acteurs pour se rencontrer. Nous allons avoir un référent au niveau départemental et un au niveau régional pour le suivi de l’action et des indicateurs et leur faire des remontées terrain.
Ces 20 structures testeront en conditions réelles différentes dotations, afin d’intégrer ce modèle dans le droit commun selon des paramètres financiers qui pourront évoluer en fonction des résultats observés.
L’objectif est de créer à terme 60 centres et maisons de santé « participatifs » en inscrivant la « santé participative » dans un modèle économique pérenne et soutenable. Nous avons pris rendez-vous à l’été avec Mme Laffond pour un premier point d’étape de l’expérimentation!