Ce mois-ci partons à la découverte du SSU, un service de l’Université Clermont Auvergne et associés. C’est une structure pluridisciplinaire de proximité, accessible gratuitement qui répond aux besoins de santé des étudiant.e.s en proposant une prise en charge médico-psychosociale alliant prévention et soin.
Le SSU est donc composé de :
- un service de médecine préventive et de promotion de la santé
- un centre de santé médical, polyvalent et infirmier
- un bureau d’aide psychologique universitaire
- un centre de planification et d’éducation familiale
- un service social, études et handicap
- il assure les vaccinations et dépistages
- il assure également un rôle de veille sanitaire, alerte et crise
- Il est également centre de formation et de stage.
Le SSU s’étend sur 4 départements : Allier, Puy de Dôme, Cantal et Haute-Loire. Il est doté de 55 personnels – chiffres de 2020/2021 – avec, entre autres, 14 infirmières, 11 médecins et 8 psychologues.
Pour la lettre d’info du GRCS, nous avons donc eu le plaisir d’interviewer Bruno Chabanas, Médecin Directeur Adjoint du Service de Santé Universitaire, que nous remercions pour sa disponibilité.
Pouvez-vous nous expliquer d’où vient le SSU ?
Historiquement, les universités disposaient de services de santé préventive pour les étudiants. Ce
sont ensuite construits un panel de services d’offres différents sur l’ensemble du territoire. C’est une
offre hétérogène, mais qui s’explique par les différentes opportunités qu’il y a pu avoir. Sur notre
territoire, le basculement dans le soin s’est accéléré et développé avec la création du centre de santé.
Au sein du SSU nous percevons beaucoup de missions différentes. Comment s’organise le travail ?
Effectivement, toutes les activités du SSU sont intriquées. Le problème que nous rencontrons aujourd’hui, est que plus les équipes deviennent grandes, plus automatiquement, on se spécialise. Et le risque en se spécialisant, c’est de s’éloigner des pratiques, des protocoles. Il est donc essentiel de garder un lien étroit.
Côté prévention par exemple, on a des chargés de prévention collective qui s’investissent sur des
problématiques de santé publique en population étudiante (réduction des risques en soirée,
addictions, santé sexuelle, etc). L’enjeu est aussi de maintenir la collaboration avec ceux qui à
l’inverse font de la prévention individuelle et du soin, qui sont au contact des patients, comme par
exemple les infirmiers et les médecins.
Nous sommes également sur plusieurs sites, avec différents moyens en fonction des sites, il faut
essayer de travailler avec ces contraintes, hétérogénéité moyens humains / financiers. A cela s’ajoute
le temps partiel d’une grande partie de l’équipe. Pour maintenir les liens, il faut donc organiser des
réunions, des échanges, mais aussi prévoir des temps sur place importants, pour coordonner et
harmoniser les informations.
Quels enjeux identifiez-vous aujourd’hui ?
Il y a un enjeu qui s’impose à nous, depuis que nous sommes devenus CDS. On pallie aux difficultés du système ambulatoire, le métier se transforme. De plus en plus de patients n’ont plus de médecins de ville, la demande en consultation est continuellement croissante, il y a une diversité de motifs, de prises en charge, des parcours de soin qui ne sont plus linéaires, etc…L’enjeu est donc de répondre à
cette situation. Nous devons être suffisamment organisés, efficaces et résilients pour être là pour ces patients car l’état du système de santé du territoire va être encore compliqué pendant une dizaine d’années au moins.
Les étudiants sont une population large, diverse. Sur notre territoire, nous en avons 37000, avec une progression d’étudiants, toujours plus en demande. Nous sommes relativement connus et nous soignons notre communication, mais de façon raisonnable, car sinon on risque de ne pas pouvoir répondre à toutes les demandes.
Enfin, nous sommes médecins traitants de beaucoup de patients (entre 2000 et 2500). Il nous arrive
aussi de faire des actes lourds (IVG médicamenteuse par exemple), ce qui peut impliquer une
responsabilité importante. Nous avons donc un vrai enjeu de visibilité auprès de l'Université, pour
communiquer et rendre visible notre travail, et réussir à obtenir des conditions de travail et d’accueil
convenables : nos locaux sont malheureusement vétustes et limitants.
En tant que médecin coordinateur, mon objectif est d’améliorer l’efficacité de notre réponse, pour atteindre au maximum de demandes, de la façon la plus homogène possible et dans le respect des protocoles pluridisciplinaires. Nos patients ne voient pas forcément les mêmes personnes tout au long de leur parcours de soin : tout est plus facile et fluide si on a un cadre de travail organisé et efficace.
Cela passe par exemple par des “détails” type l’utilisation de certains logiciels, les dossiers médical, etc…des choses de l’ordre des outils de service.
Lors de nos échanges, vous avez indiqué accueillir des internes en médecine, des stages infirmiers,…Comme vous le savez le GRCS vient d’envoyer une enquête sur les pratiques de recrutement auprès de ses adhérents. Pensez-vous qu’accueillir des étudiants en stage peut faciliter vos recrutements ?
Cela dépend du corps de métier. Pour les médecins par exemple – 8 ou 9 chez nous – ils sont en poste depuis des années et souhaitent y rester. Concernant nos derniers recrutements, il s’agissait de médecins internes en médecine générale, avec qui ça s’est bien passé pendant leur stage et souhaitent revenir en poste chez nous. Nous sommes terrain de stage avec l’UFR médecine CFE : cela correspond à leur maquette universitaire et nous avons des maîtres de stage habilités à encadrer. Cela nécessite de tisser des liens avec le Département de Médecine générale.
Côté infirmier, c’est plus compliqué, car il y a une diversité de postes, mais nous n’avons pas trop de difficultés : nous avons des candidatures, même spontanées. La dégradation des conditions de travail dans les hôpitaux fait devenir attractif les SSU.
Pour les chargés de prévention, assistants sociaux, personnels d’accueil, psychologues, nous avons des turn over beaucoup plus importants. Peut-être est-ce en raison des conditions de rémunération qui sont moins satisfaisantes – elles ne sont pas calquées sur le Ségur – mais les difficultés de recrutement s’expliquent aussi également en raison des difficultés professionnelles et des conditions de travail de plus en plus exigeantes.
Pour en savoir plus sur le SSU, ICI.