Caroline Combes, actuellement directrice du Service de Santé Étudiant de l’ENS de Lyon et de son futur centre de santé, nous parle de l’importance du travail par les pairs dans la prévention en santé. Dans un contexte de difficultés d’accès aux soins pour les étudiants, avec une population cible de plus de 2500 étudiants et sous l’impulsion du nouveau président, Caroline est chargée de co-construire le futur centre de santé de l’Ecole Normale Supérieure de Lyon en lien avec les étudiants, leurs représentants élus et les services administratifs financiers et RH de l’ENS.
Peux-tu nous expliquer en quoi consiste le travail pair ?
Le travail pair, ce sont les étudiants qui s’adressent aux étudiants, en ayant donc le même langage, les mêmes préoccupations et les mêmes façons de faire. le dispositif existant dans d’autres établissements d’enseignement supérieur propose à des étudiants un CDD d’un an, financé par la CVEC, une taxe que tous les étudiants paient à leur inscription. Le recrutement est organisé entre juin et septembre. Ces étudiants sont formés sur les sujets qui correspondent aujourd’hui à leurs besoins comme la santé mentale, la gestion des crises suicidaires, les sujets relatifs à la santé sexuelle comme le consentement, etc…Forts de cette formation, accompagnés par une personne formée à l’éducation et la promotion en santé publique, ils vont co-piloter une action de santé publique .
Concrètement, comment cela se traduit-il ?
Avec ce coordinateur des ERS ( etudiants Relais santé) ils décident de travailler sur une thématique. Le travail sera d’identifier un objectif principal adapté aux besoins de santé publique des étudiants à ce moment “t” déterminer des objectifs secondaires atteignables et mesurables, d’évaluer les moyens humains financiers et matériels nécessaires à leurs atteintes, la mise en place des actions puis des critères d’évaluation. Sur le sujet du consentement, nous avons pu travailler par exemplie à Lyon 1 (où Caroline travaillait avant ndlr) , sur des vidéos, une bande-dessinée, des sous-verres ou encore un film en réalité virtuelle avec 3 scénarios différents interrogeant le consentement notamment avec d’autres universités,.
Toutes les actions sont pensées avec le service de santé, accompagnées par une équipe en soutien, à la fois pour le public cible mais également pour les étudiants porteurs du projet : il ne faut pas les mettre en difficulté. Les sujets peuvent être lourds ; c’est un dispositif avec filet !
Ce sont des actions évaluées ?
Oui, toutes les actions ont des critères de réussite identifiées, avec des indicateurs de suivi afin que nous puissions évaluer l’efficacité de l’action. Par exemple, on peut évaluer l’ acquisition des compétences sur un sujet, dresser des questionnaires de satisfaction, mobiliser des experts de la thématique pour la validation des outils, etc…Tout est créé chaque année, donc tout change aussi chaque année.
As-tu vu apparaître des nouveaux sujets de prévention ces dernières années ?
C’est une population qui se caractérise, par sa tranche d’âge 18-25 ans: moment d’exposition à de nombreux facteurs qui peuvent induire des comportements à risque pour leurs santés (sur un terrain vulnérable parfois en lien avec l’éloignement de la vie de famille, le sentiment d’ isolement, la prise d’autonomie, manque de confiance ou d’estime de soi), risque festif en lien avec les substances psycho actives, rapports sexuels non consentis… ou encore âges d’émergence des pathologies psychiatriques sévères.
Depuis quelques années, il y a aussi une augmentation des motifs de consultation en lien avec des troubles de santé mentale, nous entendons beaucoup parler de l’éco-anxiété, des peurs liées aux guerres en cours, il y a une augmentation des troubles anxieux, une perte d’espoir des étudiants. Ils ont plus besoin d’accompagnements sur des compétences psychosociales, l’estime de soi, la confiance en soi.
Penses-tu que ce type de travail est transposable auprès d’autres publics ?
Oui , c’est un voeux pieux faire monter en compétences de jeunes retraités sur des thématiques qui les concernent afin qu’ils puissent eux-même créer des outils, des actions adapté à leurs pairs pour modifier les comportements en vue de promouvoir une bonne santé. des . J’imagine , qu’ils pourraient animer des actions de santé publique dans des lieux publics, comme sur une place de marché ou lors d’un ciné-débat, etc..Je pense qu’il est possible de trouver des financements par la Sécurité Sociale dans le cadre des ACI lorsque ces actions sont intégrés aux besoins de santé publique des usagers du territoire.. Si on nous dit que la prévention est l’avenir, commençons par mobiliser les jeunes retraités au travers des comités d’usagers par exemple. Il y a des choses à penser avec les acteurs des territoires comme les municipalités et les acteurs médico psycho sociaux publics et privés