Téléconsultation, télé-expertise, télésoins en centres de santé : quels outils ? Dans quel cadre ? Qu’est-ce que ça a permis ? Des retours d’expérience de 3 structures sur le déploiement de ces pratiques à découvrir dans cet article !
Les trois professionnels rencontrés s’accordent : la téléconsultation n’était pas une pratique très répandue dans leurs centres avant l’épidémie de COVID. Si les téléconsultations ont connu un pic lors de la première phase de confinement, les patients sont ensuite revenus au cabinet. Le nombre de téléconsultations est pour l’instant moins élevé lors de cette seconde phase de confinement, où les patients semblent plus encouragés à se déplacer en présentiel par des mesures sanitaires moins sévères.
Cet article est nourri d’échanges avec plusieurs professionnels :
-
-
- Dr Dorothée Gilbert, Médecin généraliste au Centre de Santé Jean Goullard à Vaulx-en-Velin, Médecin coordinateur médical de la FDGL
- Dr Philippe Pichon, médecin généraliste au sein du centre de santé Arlequin à Grenoble, médecin référent au sein de l’AGECSA
- Chloé Deniau, Directrice adjointe du Centre médical et Dentaire et Établissement de santé mentale de Lyon, et l’Établissement de santé mentale de Grenoble au sein de la MGEN
Téléconsulter, oui mais comment ?
Chez la MGEN et la FDGL, la mise en place des téléconsultations par visioconférence a été réalisée avec des logiciels comme l’outil visio de Monsisra, public et gratuit et celui de Doctolib, payant.
Les centres de l’AGECSA ont eux favorisé, en plus de la visio, les téléconsultations par téléphone – autorisées lors du premier et du second confinement – notamment parce que leurs patients avaient peu accès à des outils de visio et qu’il y avait des difficultés techniques. Dr Philippe Pichon partage : « Ce sont nos patients qu’on connaît bien, et donc dans ce cas-là, techniquement et médicalement, une consultation par téléphone est tout à fait adaptée à l’évaluation de la santé des patients. Les primo-consultations par téléphone c’est très compliqué. »
La question de la facturation de ces actes de téléconsultation a aussi posé des difficultés :
- L’obligation de faire du tiers-payant a pu être difficile avec certains outils (avec doctolib par exemple) et a nécessité des adaptations.
- Avant que l’assurance maladie valide la possibilité de facturer des téléconsultations par téléphone, sa mise en place était compliquée pour certains centres. Quand cela a été possible, cela a permis d’objectiver les consultations par téléphone qui n’étaient pas valorisées jusque-là et de répondre aux besoins des patients.
Les centres utilisent aussi des messageries sécurisées (Monsisra ou encore les messageries des logiciels métiers) pour pratiquer la télé-expertise – consulter d’autres professionnels pour avoir un avis – par exemple avoir un retour d’un dermatologue, sur la base d’un résumé de la situation et de photos de bonne qualité.
Téléconsulter, oui mais pour quoi et pour qui ? Déterminer si la téléconsultation est adaptée a été un enjeu de sa mise en place.
La téléconsultation n’est pas proposée systématiquement par les professionnels, mais seulement dans les cas où cela semble adapté, et notamment pour les patients que les praticiens connaissent déjà. Il a fallu cadrer le dispositif au fil de l’eau.
Au sein de l’AGECSA, un protocole a été élaboré pour les téléconsultations par téléphone. Dr Philippe Pichon partage : « On a créé un protocole, distribué à l’ensemble des professionnels pour mettre un cadre de téléconsultation, avec toute la procédure pour déterminer : Qui relève d’une téléconsultation ? Qui n’en relève pas ? Comment on l’organise sur les plannings ? Qui appelle quand ? Comment on facture ? En deux semaines, c’était mis en place, de façon efficace. »
Au sein de la MGEN, après des premières difficultés liées au choix en autonomie de la téléconsultation par les patients eux-mêmes, il a été décidé de permettre aux patients de faire le choix de la téléconsultation seulement si le médecin ou une secrétaire (selon les consignes transmises) le jugeait adapté à leur situation.
Les téléconsultations ont été utilisées par les centres dans des cas de suivi de patients positifs au COVID sans symptômes graves, et également pour des conseils, du renouvellement d’ordonnance, de l’analyse de résultats, ou encore le suivi de personnes à risques ou ne pouvant se déplacer.
Au-delà des médecins généralistes, ce sont de nombreux professionnels qui ont poursuivi leurs consultations en téléconsultation notamment des psychiatres, dermatologues, endocrinologues, sages-femmes, gynécologues, orthophonistes, professeurs d’activité physique adapté, ou encore des diététiciennes. Au sein de la MGEN, « Les sages-femmes ont également fait du télésoin avec les groupes collectifs de préparation à l’accouchement, pour garder le lien à distance et continuer leur suivi de grossesse avec le confinement. ».
Photo Credit: shixart1985 CC
Téléconsulter : des pratiques qui renforcent aussi la coopération entre professionnels
Cette crise sanitaire permet aux structures rencontrées de mieux connaître les autres professionnels avec lesquels elles sont amenées à travailler et de renforcer leur capacité à coopérer. Dr Dorothée Gilbert témoigne : « Un point sur lequel je souhaiterais insister : ça nous a permis de mieux connaître les infirmières libérales avec qui on travaille et d’avoir un travail de coopération très agréable, à la fois pour le patient, l’infirmière et le médecin. En général les téléconsultations que l’on fait pour les personnes âgées avec une infirmière à domicile et le médecin qui téléconsulte, sont très satisfaisantes pour tout le monde car cela répond à une réelle demande. »
La téléconsultation en visio avec Monsisra : les conseils de Remy Perret, Chef de projet e-santé au sein du GCS Sara
« Avec la crise du COVID, on est passé d’un logiciel longtemps confidentiel à une utilisation beaucoup plus massive. Après de nombreux ralentissements du logiciel, nous réussissons maintenant à renforcer nos capacités. Nous avons aussi toute une équipe d’accompagnateurs territoriaux, renforcée ces derniers mois, pour prendre en charge les problèmes à distance et en présentiel, une cellule d’assistance centrale, joignable par formulaire. »
Pour se lancer, télécharger Monsisra et se former avec :
• Un guide pdf pour pas à pas se lancer en autonomie,
• Un guide vidéo de 20 minutes, à retrouver sur cette page
• Des webinaires de formation toutes les semaines, pour un accompagnement d’une heure en ligne, avec présentation de l’outil, de l’aspect légal et le partage des retours d’expériences des utilisateurs : inscription en suivant ce lien.